
Plutôt l’extase spirituelle que les visions psychotiques
Qu’ils soient yogis, gnanis, soufis ou saints, tous témoignèrent à travers les âges de l’extase spirituelle. Les services psychiatriques constatent également que certains patients ont des visions et entendent des voix. - Quelle est la différence ? Dans les deux cas, l’énergie s’élève vers les centres psychiques supérieurs, chakras, mais par un canal différent.
Selon la tradition indienne, et l’enseignement de Sri Shyamji Bhatnagar, le canal central situé dans la moelle épinière, la Sushumna, comprend trois canaux d’énergie subtile (nâdis) qui s’interpénètrent en partie : Vajrini, Chitrini et Brahma nâdis (appelé aussi parfois Shiva nâdi). Ceux-ci entrent en contact avec les sept chakras majeurs et quelques chakras mineurs.
Comment l’énergie s’incarne dans le corps
Quand débute le processus de l’accouchement, la plus grande partie de l’énergie du bébé réside dans le cerveau. En général le bébé demeure lové, tête en bas, dans la matrice. Ce sont les contractions de la mère qui donnent le signal pour amorcer l’accouchement, en stimulant la tête du bébé. Un « vent pranique » (le prana est l’énergie vitale, les vents, vayus en sont les modalités) Vyana vayu, entre alors en jeu et pousse l’énergie de la couronne du cerveau, septième chakra, vers le centre du cerveau, sixième chakra : le bébé se débat pour tenter de trouver, avec sa tête, la sortie du corps de la mère.
Dès que la tête réussit à se dégager de l’anatomie maternelle, un autre vent, Uddhana vayu, localisé dans le cou et la gorge, prend le relais et pousse l’énergie plus bas dans le corps du bébé pour que ce corps puisse se dégager à son tour. Quand le corps a réussi à sortir, le bébé émet un son et Uddhana vayu passe le relais au vent résidant dans la zone du quatrième chakra, Prana vayu qui entre en action avec la première respiration du bébé. Le bébé devient alors capable d’inhaler le Prana de manière autonome. Ensuite, on met le bébé au sein, et les transformations nécessaires à la première assimilation digestive mettent en action Samana vayu, puis la nécessité d’expulser la première selle va déclencher l’activité d’Apana vayu, dont la fonction consiste à évacuer du corps les déchets usés (mais aussi les bébés chez une femme enceinte).
L’ensemble du processus montre clairement les fonctions spécifiques des cinq subdivisions du prana dans le corps humain. Chacun de ces vents est relié à un chakra et sa zone d’influence dans le corps. Pour le bénéfice de la santé corporelle, mentale et spirituelle, il devrait y rester.
Sous l’influence des mauvaises habitudes se conjuguent, Apana vayu devient paresseux, pollué, et l’énergie qui devait descendre le canal de droite commence à le remonter au contraire. Plus elle remonte, plus elle engendre des troubles : cela commence par de la constipation, de l’acidité, des ulcères, puis des troubles du métabolisme du sucre autres désordres dans la zone du pancréas et du foie, ensuite la dépression, la mélancolie, plus tard, la mythomanie... Et peu à peu se déclenche un caractère fantasque, rigide, irritable et intolérant : l’influence de l’Apana, en remontant vers le sixième chakra peut conduire la personne à se sentir manipulée par une entité extérieure... De là naissent des visions psychotiques dont la caractéristique commune est de ne reposer sur aucune réalité concrète et de causer confusion, souffrance et obscurantisme. Ce phénomène est appelé schizophrénie par les psychiatres. Que l’Apana vienne affecter le septième chakra, il en résulte la folie furieuse, incontrôlable et dangereuse, privant les hémisphères droit et gauche du cerveau de leur pouvoir de discrimination. L’énergie reflue alors dans le cerveau animal qui perd toute inhibition.
Armelle Denolle
Article publié dans la revue Santé Yoga N° 77 en octobre 2007